« Des petits cosmopolites » : c’est sur ce thème qu’était annoncée mercredi soir une table ronde à Saint-Vith, dont l’objectif était de débattre de la promotion du multilinguisme à l’école en général. Mais dans les faits, la rencontre s’est focalisée exclusivement sur l’apprentissage de la langue française, ignorant superbement l’allemand, l’anglais et le néerlandais.
Le débat de Saint-Vith s’est ainsi transformé (pas tout à fait par hasard) en pâle reflet de l’orientation donnée à la politique de l’éducation. Depuis son arrivée au pouvoir il y a plus de dix ans, la majorité en place dans la Communauté germanophone favorise l’enseignement du français dans les écoles des Cantons de l’Est. Elle est d’ailleurs souvent écharpée à ce propos par la CSP qui, depuis les bancs de l’opposition, agite avec la régularité d’un métronome l’épouvantail de toute une génération d’écoliers aliénés par la langue de Molière.
Comprenons-nous bien : il existe de bonnes raisons justifiant cette offensive du français à l’école (en faveur d’un enseignement précoce, de classes bilingues, de l’engagement d’enseignants francophones…). Aujourd’hui, les Germanophones sont en effet beaucoup moins confrontés à la première langue étrangère qu’il y a 20 ou 30 ans : le personnel des Fast-Foods est désormais bilingue, le dépliant publicitaire du supermarché n’est plus rédigé dans un allemand boiteux et il arrive même que les communications administratives de Liège et de Namur soient transmises dans la troisième langue nationale.
Les minorités linguistiques sont davantage respectées qu’auparavant, avec pour dommage collatéral un net recul de la présence du français dans la vie quotidienne des Cantons de l’Est.
La priorité absolue est pourtant donnée au français, les autres langues restant en rade.
Il n’est pas souhaitable, mais bien indispensable que les Germanophones soient polyglottes. La priorité absolue est pourtant donnée au français, les autres langues restant en rade. En Communauté germanophone, l’apprentissage du français commence dès la première maternelle. Ce n’est qu’à l’adolescence que les jeunes des Cantons de l’Est découvriront l’anglais, en deuxième année secondaire. Quelle différence énorme !
De nombreux jeunes passent encore leur baccalauréat avec seulement deux heures d’anglais par semaine, ce qui peut être suffisant pour commander une bière à Londres ou demander son chemin jusqu’à Trafalgar Square, mais sans plus. Pourtant, la nécessité de posséder une connaissance approfondie de l’anglais se manifeste aujourd’hui aussi bien dans la formation universitaire et dans le monde professionnel que dans la vie en société. La crise des réfugiés a une fois de plus rappelé la propension de l’anglais à rapprocher les peuples.
Pour l’enseignement de la Communauté germanophone, toute la difficulté consiste donc à renforcer l’apprentissage du français sans pour autant perdre de vue la deuxième (voire un jour la première) langue étrangère. Un cours de physique en anglais ? Why not ?