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13·02·17

La Wallonie « copie-colle » le système flamand d’allocations familiales

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Pixabay

Face à un gouvernement wallon « de gauche », la Flandre peut désormais clamer qu’elle a un régime d’allocations familiales social. Dont la Wallonie se serait même inspirée…

« J’ai toujours dit que les enfants wallons ne seraient pas bradés vis-à-vis des enfants de Flandre », avait insisté Maxime Prévot (CDH), ministre wallon de l’Action sociale, pour qui ce point était clairement une question d’honneur. Le 9 février, flanqué de Paul Magnette (PS), ministre-président de la Région wallonne, il a présenté la réforme du régime d’allocations familiales wallon. La Flandre avait déjà réformé le sien, de même que la Communauté germanophone. La Région de Bruxelles-Capitale doit pour sa part encore se prononcer.

Il semblerait que le modèle wallon soit une copie conforme du régime décidé l’année dernière par le gouvernement flamand. En effet, la Wallonie abandonne elle aussi le système où les allocations augmentent en fonction de l’âge de l’enfant et de son ordre d’arrivée dans la famille. Désormais, chaque enfant a droit à un montant de base fixe, qui se voit légèrement augmenté pour, notamment, les familles à faibles revenus, les familles nombreuses et les familles monoparentales.

La Flandre donne 160 euros par mois par enfant alors que la Wallonie en verse 155 pour les mineurs, et 165 pour les majeurs, et les corrections sociales ressemblent, elles aussi, très fortement à ce qui se fait en Flandre. La différence principale réside dans le fait que la Wallonie accorde une attention toute particulière aux familles monoparentales (jusqu’à 20 euros de plus par enfant), alors que la Flandre n’opère pas cette distinction.

Il est donc surprenant qu’un gouvernement wallon, qui se veut de gauche, recopie presque à l’identique un régime flamand, supposément de droite. Pour plusieurs organisations et experts en pauvreté, c’est une très belle occasion manquée et leur critique est on ne peut plus claire : beaucoup plus de mesures auraient pu être mises en place pour lutter contre la pauvreté infantile.

Le gouvernement flamand se défend en brandissant le test d’impact pauvreté, duquel ressort que le risque de basculer dans la pauvreté a diminué de près d’un point de pourcentage. En outre, le fait que le gouvernement wallon, dirigé par le parti socialiste, se soit fortement inspiré du modèle du nord du pays confère des arguments supplémentaires au gouvernement flamand pour mettre en exergue le caractère social de son régime d’allocations familiales.

« Quelle énorme occasion manquée pour la Wallonie », affirme l’expert en pauvreté Wim Van Lancker de l’université d’Anvers. « D’autant plus que la population wallonne est encore plus vulnérable que la population flamande. De même, il est incompréhensible que le choix se soit porté sur un montant de base aussi élevé, car le budget restant pour les familles les plus démunies sera par conséquent bien plus faible. »

« Je ne connais pas le système flamand », a réagi Paul Magnette. « Il s’agit ici d’un régime juste et équitable qui prend en compte les besoins des plus vulnérables. » Notons que le gouvernement wallon n’a pas effectué de test d’impact pauvreté. « Nous avons analysé l’impact de ces nouvelles mesures sur un certain nombre de familles-types », précise M. Magnette.

Le démocrate humaniste Maxime Prévot se soucie bien moins de la critique selon laquelle le système wallon lutte insuffisamment contre la pauvreté. « Il ne faut pas perdre de vue que les allocations familiales ont pour première vocation de soutenir les parents, et non de lutter contre la pauvreté. »

Tandis que le CD&V s’est démené pour que les allocations familiales en Flandre soient davantage focalisées sur les familles les plus indigentes, le CDH a quant à lui adopté la démarche inverse car il veut aussi séduire les électeurs de la classe moyenne du sud du pays. En effet, comment ce parti pourrait-il convaincre avec l’idée qu’un enfant wallon issu de la classe moyenne vaut bien moins qu’un enfant flamand de la même catégorie sociale ?

Ainsi, le CD&V tire ses partenaires de coalition « de droite » (N-VA et Open VLD) de plus en plus vers la gauche alors que le CDH fait précisément le contraire avec son partenaire de coalition, le PS. Résultat : le régime wallon ressemble à s’y méprendre au régime flamand. L’on est alors en droit de se demander pourquoi cette compétence a été régionalisée alors que les deux entités fédérées utilisent de toute manière deux systèmes quasi-identiques.

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