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01·02·17

Elections 2019 : la N-VA menacée par la gauche caviar

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

(c) Pixabay

Fabrice Claes
Traducteur Fabrice Claes

Plus le PTB aura du succès, plus nous aurons de chances d’assister à la formation d’une « grande coalition » PS-MR en 2019. Pour la N-VA, la perte de terrain du PS ne présage rien de bon.

Contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays européens, la social-démocratie belge tient relativement bon. Le sp.a a résorbé son déclin et reste le premier parti de gauche en Flandre. Mais si des signes de reprise voient le jour, la percée tant attendue reste pour le moins incertaine.

Le PS était, parmi les partis socialistes d’Europe l’un des seuls à continuer de jouer un rôle dominant dans sa région. Certes, le parti a perdu du terrain çà et là, mais il garde le contrôle de nombreuses régions de la vieille Wallonie. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est souvent assimilé à tout ce qui s’y passe de négatif. Et c’est aussi pour cette raison qu’il n’arrive pas à résister aux attaques du PTB. Les socialistes encaissent déjà une perte de 10 pourcents dans certains sondages, dont la fiabilité reste certes à démontrer.

En tant que parti d’opposition au niveau fédéral, le PS réussit de temps en temps à toucher le MR, mais la Wallonie se souvient des mesures douloureuses du gouvernement Di Rupo. À la Région, le PS gouverne avec Magnette le populaire, mais la rigueur budgétaire et la sixième réforme de l’État n’ont pas fini de le menacer. Comme ces deux contraintes ne permettent que peu de grandes alternatives de gauche, Paul Magnette tente de maintenir à distance le PTB en refusant le CETA et en plaidant pour des panneaux de signalisation made in Wallonia.

Ces dernières semaines, cette position défavorable au PS est devenue aussi menaçante qu’inquiétante. La Belgique francophone est bien plus profondément enfoncée que la Flandre dans le bourbier du Kazakhgate, qui devient de plus en plus hallucinant avec la possible implication de l’avocat général bruxellois et cette histoire de comptes princiers. Les sentiments antisystèmes qu’éveille le Kazakhgate atteignent moins le PS que le MR ou le cdH, mais ils le touchent quand même sur son flanc gauche.

C’est alors qu’arriva Publifin

Il est difficile de définir aujourd’hui l’impact qu’aura cette affaire sur les élections de 2018 et 2019 car d’ici là, beaucoup d’eau doit encore couler sous les ponts. De plus, Publifin n’est pas comparable à l’affaire Agusta, qui avait fait des ravages dans les maisons du peuple dans les années 90. Jusqu’à présent, les faits n’ont rien de répréhensible, alors qu’à l’époque ils l’étaient, mais le PS risque de devoir quand même payer bien cher les pots cassés.

En effet, Publifin nuit gravement à la crédibilité d’un PS qui n’est attentif qu’à ses propres intérêts, et par extension à tout le plaidoyer social-démocrate pour plus d’égalité et d’intégrité. Quand bien même le PS organiserait encore des centaines de Chantiers des idées, une seule affaire Publifin aura suffi à faire ressurgir les démons du passé.

André Coolsisme

Pour la énième fois, des têtes tombent. Celle de Paul Furlan en premier, le ministre sacrifié, celui qui était au courant ou devait être au courant de la culture de la concussion qui règne dans les institutions et parmi les collaborateurs dont il assure la tutelle. Tout comme Di Rupo doit savoir que ses camarades liégeois du La La Coolsland se servent allègrement dans les caisses publiques. Pour s’en assurer, il lui suffit de jeter un coup d’œil à la comptabilité de son parti. De plus, son parti a envoyé lui-même des membres chez Publifin.

Le PS a opté pour la fuite vers l’avant en prenant 21 mesures d’urgence, surtout financières, qui constituent selon lui une révolution. Ces mesures ont pour but de dégraisser le socialisme intercommunal. Certes, le parti s’emploie à changer les règles du jeu, mais il faudra du temps au PS pour faire oublier que le citoyen a dû mettre la main au portefeuille pour financer à des prix indécents les services inexistants du socialisme de salon. Les prochaines campagnes risquent de leur donner du fil à retordre.

À Liège peut-être moins, car le coolsisme y est bien plus ancré et accepté qu’ailleurs. D’ailleurs, Bruxelles n’a jamais laissé le contrôle du parti à cette fédération embarrassante. Magnette doit donc introduire de nouvelles règles dans toute la Wallonie pour que Liège les accepte, au grand dam de nombreux camarades non liégeois et des autres partis qui devront les suivre également. Selon eux, l’ancrage local que permettent les intercommunales n’est pas toujours négatif et n’est pas qu’une affaire d’indemnités.

Ce faisant, Magnette ne fait que procéder à une opération de nettoyage de plus. Il est entré en politique en 2007, à la demande de Di Rupo, pour mettre de l’ordre dans une ville de Charleroi gangrénée par la corruption. Quelques mois plus tard, il devenait ministre wallon. Et aujourd’hui, il est devenu plus important que Di Rupo, qui se retrouve bien seul dans ses bureaux du Boulevard de l’Empereur transformés en salle d’attente pour le prochain gouvernement fédéral, et qui doit se dire qu’il finira bourgmestre de Mons.

C’est donc au régionaliste Magnette qu’il appartiendra de sauver les meubles, ce qu’il ne pourra faire qu’en contrôlant d’une part l’intégralité de son parti, y compris l’aristocratie ouvrière liégeoise, et d’autre part en nettoyant le navire de fond en comble. Trop d’opérations mains propres ont été annoncées à cor et à cri au PS, et les parvenus sont toujours là.

Magnette va peut-être mettre la barre à gauche pour contrer le PTB. Car le PS entend bien garder le contrôle. D’autre part, il faut savoir que plus le PTB attirera des électeurs, plus on aura de chances d’assister à la formation d’une « grande coalition » PS-MR. Négociée par Magnette, l’homme politique le plus populaire de Wallonie, avec le quatrième le plus populaire, Didier Reynders ? Le fin renard garde ouverte une porte que le PS a claquée au nez de Charles Michel (à la douzième place selon les derniers sondages) après les dernières élections.

La N-VA, elle, ne voit pas d’un bon œil cette perte du terrain du PS. S’il est vrai que le PS sera forcé de mettre beaucoup d’eau dans son vin en 2019, le fossé qui le sépare de la N-VA demeurera toutefois infranchissable. Publifin ne rendra pas la tâche du centre-droit évidente en 2019, bien au contraire. Et la N-VA ne pourra compter que sur elle-même. En effet, face à un axe violet du côté francophone, il ne faudra pas s’attendre à une poussée de patriotisme flamand de la part des autres partis. Et c’est exactement dans cette perspective qu’agit la N-VA pour le moment : les nationalistes tentent de marquer un maximum de points dans les sondages afin que les le CD&V et l’Open VLD n’osent pas gouverner sans eux.

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