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10·11·16

Élection de Donald Trump: Une révolution aux airs de coup d’État

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Gage Skidmore

Il n’y avait aucun suspense. Les sondages l’avaient exclu. Les bourses n’avaient rien vu venir. Les bookmakers ne laissaient planer aucun doute : c’était impossible. Dans les rédactions, les analyses sur la présidente Hillary Clinton étaient déjà prêtes. Et de suspense, il n’en fut en effet pas question la nuit passée : la colère d’un groupe d’électeurs américains s’est révélée non seulement plus forte que l’avaient imaginé tous ceux qui pensaient s’y connaître, mais elle était aussi insondable. C’est cette colère qui a mené Donald Trump, l’insupportable outsider, sur la voie de la Maison Blanche.

Le bouleversement est tel que l’électeur n’a même pas pensé à répartir le pouvoir. Trump a toutes les cartes en mains : le Sénat, la Maison Blanche et la Cour suprême. Si ce revirement radical n’avait pas eu lieu dans le respect de règles démocratiques formelles, on aurait parlé de coup d’État. Quoi qu’il en soit, nous pouvons parler de révolution. Rien ne sera plus pareil à ce que nous connaissions il y a quelques heures encore.

La différence s’est remarquée très rapidement au nombre inédit de votants. Avant, cette affluence aurait signifié que des groupes sociaux plus éloignés du pouvoir que les blancs diplômés et riches auraient fait le déplacement. Noirs, hispaniques, personnes peu qualifiées. Les longues files devant l’isoloir présageaient toujours une victoire des Démocrates.

Mais ça, c’était avant. En fait, le groupe qui s’est déplacé en nombre cette fois-ci est celui qui ne faisait jamais entendre sa voix lors des grands-messes de la démocratie parce que celles-ci n’avaient aucun sens pour eux. Un groupe qui se sent rejeté par le système, qui ne s’y reconnaît pas et qui ne veut rien en savoir. Des hommes et des femmes sans grands diplômes, blancs, et dont l’existence n’est faite que d’incertitudes. Bon nombre d’entre eux n’avaient jamais voté auparavant. Pour une fois, ils se sont déplacés et se sont fait entendre. Tout le monde savait qu’ils existaient, mais même le camp de Trump n’aurait jamais osé espérer il y a quelques heures encore qu’ils se manifesteraient. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il avait prétendu que les élections étaient faussées. Et c’est parce qu’ils se sont rendus aux urnes en nombre que les résultats sont ce qu’ils sont et qu’il n’y a eu aucun suspense.

Les États-Unis entrent dans une ère nouvelle et incertaine, que l’on pourrait comparer aux changements de régimes en Union soviétique et dans ses pays satellites après la chute du Mur de Berlin. La majorité silencieuse, ou plutôt qu’on n’écoutait pas, a pris ses responsabilités et a fait craquer le système.

Donald Trump, qui a commencé par prendre en otage un parti républicain en plein désarroi, s’est également offert le scalp du parti démocrate. L’ère Clinton se termine sous le goudron et les plumes, peut-être même avec des poursuites judiciaires à la clé. C’est tout le système américain des poids et contrepoids qui semble rongé par les vers, comme l’était le communisme en 1989. Nous entrons dans une ère de chaos. On s’imaginait qu’Hillary Clinton, présidente, allait offrir une réponse à la désaffection et à la frustration de pans entiers de la population. Mais manifestement, il était trop tard. Beaucoup trop tard.

C’est donc le président Trump qui devra s’y atteler, et il n’hésitera pas à puiser la légitimité de ses décisions dans le vote de ces citoyens frustrés. Nul ne sait ce qu’il fera : il n’a jamais été élu auparavant, il a toujours mené une vie de charlatan et d’aventurier, son programme politique n’est qu’un catalogue de propositions glanées çà et là, et il est bien connu pour ses faillites. Mais aujourd’hui, la seule faillite que nous pouvons constater est celle d’une société polarisée et brisée.

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