Pour la N-VA, Zuhal Demir est un deus (ou plutôt dea) ex machina. La semaine dernière encore, le parti du changement était assimilé, par la force des choses, à la culture de l’enrichissement éhonté avec Siegfried Bracke et Koen Kennis dans le rôle des protagonistes louches. Ce week-end, en revanche, les projecteurs médiatiques se sont braqués sur l’égalité des chances et la lutte contre la pauvreté, suite à la nomination de Zuhal Demir, parlementaire N-VA, en tant que secrétaire d’État auxdites compétences. Et force est de constater que celle-ci a plus attiré les regards en un seul week-end que ne l’a fait sa camarade de parti Elke Sleurs, qui l’a précédée à ce poste, au cours des deux dernières années.
À Malines, Jinnih Beels, commissaire de police issue de la diversité, a fait l’objet de harcèlements racistes de la part d’au moins un collègue. Un solide os à ronger en matière d’égalité des chances. Dans le même temps, Unia (l’ancien Centre pour l’égalité des chances et de lutte contre le racisme) était dans le viseur de certains critiques qui lui reprochent de ne pas traiter toutes les minorités sur le même pied d’égalité et de pratiquer une lutte contre le racisme à géométrie variable. Un autre mets de choix au menu d’une secrétaire d’État qui a à peine eu le temps de siroter son apéritif. « Unia prend des allures de centre de la polarisation », a affirmé Demir ce week-end. Une déclaration lourde de sens qui ne recueillera pas que des applaudissements.
L’année prochaine, Demir briguera le mayorat de Genk. Un an plus tard, elle sera jugée sur ses prestations au niveau fédéral.
Zuhal Demir se plaît à évoquer – à juste titre – les chances dont elle s’est saisie en tant que fille d’un mineur kurde dans le Limbourg. Elle hérite à présent d’un éventail de compétences qui revêtent une importance certes capitale au sein de notre société mais qui ne valaient guère plus, malgré tout, qu’une fonction de secrétaire d’État lors de la répartition des postes durant la formation du gouvernement en 2014. L’année prochaine, Demir briguera le mayorat de Genk. Un an plus tard, elle sera jugée sur ses prestations au niveau fédéral. En matière de planification de carrière, cela peut en dire long.
Selon Zuhal Demir, le travail est l’élément clé dans la lutte contre la pauvreté. Du haut de sa fonction, sera-t-elle néanmoins en mesure de soulager la détresse de toutes ces mères célibataires avec enfants qui peinent à joindre les deux bouts, bien qu’ayant un emploi ? Zuhal Demir impute les chiffres record affichés par les banques alimentaires à l’afflux de réfugiés. Or les ajustements sociaux dont son parti s’est fait l’étendard sont-ils un gage de protection efficace pour ces citoyens qui éprouvent de réelles difficultés dans notre société ?
la récréation est terminée
Ce week-end, Zuhal Demir a rayonné lors des émissions « De Zevende Dag » et « Wakker Op Zondag » sur ATV. Elle peut être fière, après tout, de ce qu’elle a accompli. Il n’empêche que la récréation est terminée. De par son nouveau statut, elle deviendra pour son parti soit un don du ciel, soit une tête de turque. Au féminin.