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26·10·16

« Proposer des cours d’arabe à l’école n’est pas une solution »

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(c) Kaheel7

L’association des écoles néerlandophones de Bruxelles et la VUB proposent désormais des cours d’arabe aux élèves âgés de six à quinze ans. Elles entendent ainsi éloigner les enfants des écoles coraniques. Johan Leman, président du centre d’intégration Foyer, reste perplexe. « Penser que l’on va ainsi repousser le champ d’influence des écoles coraniques relève de l’illusion », explique-t-il.

L’idée a commencé à germer durant le ramadan, en juin. Jacky Goris, directeur de l’association des écoles néerlandophones de Bruxelles, a constaté que de nombreux jeunes enfants observaient également le jeûne, que certains d’entre eux n’allaient plus au cours de natation de peur de boire la tasse pendant le ramadan ou ne voulaient plus aller au cours de musique sous prétexte que chanter est haram (interdit).

Selon Goris, ce sont les écoles coraniques, obscures et bien souvent non reconnues, qui inculquent ces idées prémâchées aux nombreux enfants qui y passent leur samedi matin.

En collaboration avec la VUB, il s’est mis en quête d’une solution. « À l’heure actuelle, les parents qui veulent apprendre l’arabe à leurs enfants ne peuvent se tourner qu’exclusivement, pour ainsi dire, vers les écoles coraniques. C’est pourquoi nous proposons dorénavant des cours d’arabe standard dans un contexte laïc, en dehors de la sphère religieuse », précise Goris.

Johan Leman doute que ce projet ait finalement l’effet escompté face aux écoles coraniques. « Ce plan a été conçu derrière un bureau », affirme-t-il. « Des cours d’arabe ne sont certes pas une mauvaise chose et, après tout, le public existe : des élèves issus de familles de classe moyenne, quelque peu privilégiées. Or ce ne sont pas ces familles qui envoient leurs enfants à l’école coranique. Les élèves inscrits dans ces établissements y vont tant pour l’enseignement de l’islam que de l’arabe. Ils n’y apprennent d’ailleurs pas vraiment l’arabe standard. En effet, ils ne font qu’y réciter des versets du coran.

Leman estime qu’organiser des cours d’arabe est loin d’être la panacée. « Une bonne relation parents-enfants s’avère beaucoup plus efficace en termes de résultats. En allant nager ensemble, les parents peuvent clairement expliquer à leurs enfants que boire la tasse n’est pas du grave du tout »

D’aucuns associent l’initiative à un nouvel exemple de soumission, de concession face au spectre de l’islamisation. Une absurdité pure et simple, estime Goris. « Après tout, on dispense également de cours de chinois ». Il est en outre persuadé que la connaissance d’une langue aussi répandue et riche que l’arabe standard favorise l’apprentissage d’une autre langue.

Les cours seront donnés jusqu’à fin mai, à raison de quatre heures par semaine, le samedi ou le dimanche. Pour l’instant, trois établissements sont concernés, à Anderlecht, Schaerbeek et Laeken. Le campus de la VUB viendra encore sans doute s’ajouter à cette liste. L’université supervise l’initiative et délivre un certificat à l’issue du cours, elle qui, pourtant, ne compte pas de département de langue arabe en son sein.

Pour l’épauler dans l’organisation, la VUB a fait appel à Sami Azar, un professeur de physique et directeur d’école ayant fui la Syrie travaillant depuis peu au département Relations internationales de l’université. Celui-ci a rassemblé une demi-douzaine d’enseignants, réfugiés pour la plupart, qui possèdent au minimum un bachelier en langue arabe. Pour le moment, ils travaillent bénévolement.

Le premier week-end, 75 enfants répondaient présents. La semaine passée, ils étaient 100, raconte Azar. « Ils sont regroupés par tranche d’âge et apprennent non seulement à parler, mais aussi à lire et à écrire. De plus, nous utilisons aussi bien des textes d’auteurs arabes que des traductions arabes issues de la littérature néerlandophone. »

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