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18·11·16

Budget: la Belgique, indolente, dilapide l’argent de nos enfants

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(c) Prawny

Thomas Lecloux
Traducteur⸱trice Thomas Lecloux

Plus personne ne semble prendre les règles de la discipline budgétaire au sérieux. Nous sommes en train de dilapider l’argent de nos enfants avec bien trop de laxisme.

Parfois, les lois sont comme du fil barbelé. Les grands sautent par-dessus, les petits se faufilent en dessous, et seuls les idiots s’y déchirent les vêtements. Difficile de ne pas songer à cette boutade quand on voit comment les pays de l’UE respectent leurs engagements budgétaires. La Flandre tente de maintenir les investissements dans la liaison Oosterweel (bouclage du Ring d’Anvers, ndlr) hors de sa comptabilité, tandis que la Belgique boucle l’exercice budgétaire de cette année sur un déficit de 3 %, tout comme le gouvernement Di Rupo avait terminé sa dernière année.

Le refrain est le même au niveau de l’Europe. Actuellement, cinq des dix-neuf pays de la zone euro respectent les accords : l’Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Slovaquie et la Lettonie. Ces pays sont les seuls à maintenir leur dette publique sous la barre des 60 % du produit intérieur brut (PIB) et leur déficit budgétaire sous la barre des 3 % du PIB.

Officiellement, des sanctions sont prévues pour ceux qui ne respectent pas les accords, mais elles ne sont pas appliquées. Quand l’Espagne n’a pas respecté les règles, la Commission n’a pas osé sévir de peur d’aggraver la crise politique qui y régnait. Et comme l’Espagne a échappé aux sanctions, le Portugal aussi. En ce moment, la Commission a peur de plonger l’Italie dans une crise politique si elle impose à Rome de respecter les accords budgétaires.

Voilà où nous en sommes. Si la discipline budgétaire n’était pas si importante, c’en serait hilarant. Car entre-temps, le gouvernement Di Rupo et le gouvernement Michel ont tous deux bénéficié de l’aubaine des taux d’intérêts bas, sans résultat visible. Nous nous plaignons aujourd’hui de ce que les règles budgétaires ne nous permettent pas d’investir, alors qu’elles nous le permettent bel et bien. Si pour une fois, notre gouvernement payait les dépenses qui reviennent chaque année avec de l’argent qu’il possède, nous pourrions emprunter à des conditions avantageuses – jusqu’à 3 % du PIB, donc – pour investir réellement. Mais nous ne le faisons pas : nous empruntons pour dépenser.

Nous en sommes donc réduits à dépenser de l’argent que nous n’avons pas, à ne plus investir et à promettre de continuer à payer les pensions et les frais médicaux de notre population vieillissante sans avoir l’argent pour le faire. Et la Commission européenne fait comme si elle allait se montrer sévère.

Tout cela est d’autant plus problématique pour la raison suivante: la Commission européenne fustige le taxshift pour avoir creusé un trou dans le budget, mais ses chiffres montrent que le déraillement du budget belge se produit en premier lieu ailleurs cette année : ce sont surtout les dépenses sociales qui grimpent beaucoup plus vite que prévu. Une tendance qui va d’ailleurs se poursuivre avec le vieillissement de la population.

Les querelles au sein de la majorité ne laissent plus qu’une porte de sortie, la plus difficile politiquement : le gouvernement belge doit mettre de l’ordre dans son budget par ses propres moyens, sans impôts qui freinent l’emploi et les investissements. Le terrain le plus important où doit se jouer notre recherche d’équité est celui des prochaines générations : l’État-providence doit devenir durable et doit pouvoir survivre à l’ère du vieillissement de la population.

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