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08·09·16

Abattage sans étourdissement : la société se trompe de débat

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) FranciscoJG

Il est surprenant que nous en soyons arrivés si rapidement à une bataille idéologique dans l’interminable débat sur l’abattage sans étourdissement. Nous avons omis de poser une question concrète : combien d’animaux sont aujourd’hui réellement abattus sans étourdissement?  Il n’est pas si difficile de le savoir, puisque les abattoirs recensent minutieusement ces informations. Pourtant, il nous a fallu un jour et demi pour obtenir ces chiffres. Gaia ne les avait pas non plus en sa possession. Et Hermes Sanctorum, le parlementaire qui a quitté Groen, a alimenté le débat avec des données qui n’étaient plus d’actualité. Les derniers décomptes sont consternants : la moitié des agneaux, un cinquième des bœufs et pratiquement tous les moutons sont abattus sans étourdissement, soit des centaines de milliers d’animaux. Une nette augmentation par rapport aux chiffres d’il y a 6 ans.

Le fait qu’un si grand nombre d’animaux soient concernés, bien plus qu’il n’en faut pour tous les musulmans et juifs flamands, est le signal clair que nous nous trompons de débat. À chaque fois, nous retombons dans la même querelle entre liberté de culte et droits des animaux. L’association de la ferveur religieuse et du marché libre est en réalité ce qui entraîne un degré de souffrance animale injustifiable. L’abattage sans étourdissement des bœufs est encore différent de celui des moutons. On leur tranche la carotide, la trachée et l’œsophage, et ces animaux agonisent pendant cinq à dix minutes avant de périr,  vidés de leur sang. Tant d’animaux sont abattus selon le rituel halal alors que seule une partie limitée, souvent les morceaux de viande les moins chers, est écoulée sur le marché halal. Pour le marché traditionnel, les pratiques d’abattage utilisées ne revêtent aucune importance. Les conséquences de cette situation sont donc perverses. Les souffrances supplémentaires infligées aux animaux deviennent monnaie courante tout simplement dans le but de préserver une pratique religieuse minoritaire.

La première solution serait dès lors de réguler le marché. Si une interdiction générale n’est pas envisageable aux yeux du Conseil d’État, l’abattage religieux pourrait au moins être limité au strict minimum. Le consommateur sera un allié. Nous sommes en effet abondamment informés sur les conditions d’élevage de l’animal qui finira dans notre assiette. Si nous le voulions, nous pourrions même avoir une photo de celui-ci. Mais aucune étiquette ne nous indique si ses souffrances ont été abrégées au moment de l’abattage. L’industrie de la viande préfère incontestablement ne pas rappeler aux consommateurs qu’un animal doit être tué pour chaque portion de viande présentée dans les rayons des magasins. Les musulmans doivent, quant à eux, accepter de s’interroger sur la possibilité d’exercer leur liberté de culte d’une autre manière. Il existe des alternatives au rituel halal, le tout est de les accepter. Pas parce l’intolérance à l’égard de l’islam gagne du terrain, mais parce que leur pratique a un impact trop important, notamment pour les animaux qu’ils ne consomment pas et pour les consommateurs qui ne veulent pas que des animaux souffrent inutilement. Ce sont d’excellents arguments en faveur d’une discussion franche, mais nécessaire sur la manière d’éviter cette souffrance. Poursuivre dans la voie actuelle n’est pas une option.

 

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