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29·03·16

Frédéric Van Leeuw, le magistrat « proche des gens »

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

Capture d’écran du JT de la RTBF (21/01/2016)

Portrait de Frédéric Van Leeuw, le procureur fédéral belge et l’un des acteurs clés de la lutte belge contre le terrorisme. Il avait également participé à l’enquête sur le meurtre de Joe Van Holsbeeck. Il a appris à s’intéresser aux gens qui se cachent derrière les dossiers. « Les combattants partis en Syrie doivent nous faire réfléchir à nos objectifs en matière de cohésion sociale. »

Les proches du magistrat Frédéric Van Leeuw louent son calme, sa clairvoyance et son intelligence. « Même en pleine tempête, Van Leeuw reste calme », avait d’ailleurs un jour déclaré Charles Michel.

Van Leeuw est l’une des forces motrices de la Communauté chrétienne de Sant’Egidio, active dans le domaine de l’aide sociale à Bruxelles entre autres.

Tout le pays a découvert cette semaine Frédéric Van Leeuw. L’homme de 42 ans au bouc et aux lunettes se tenait ce mardi après-midi aux côtés de Charles Michel lors de la conférence de presse à la suite des attentats de Bruxelles. Procureur fédéral, Van Leeuw est l’un des acteurs clés de la lutte belge contre le terrorisme. Ce magistrat, qui dit rechercher l’être humain derrière chaque criminel, distribue après ses heures de travail de la soupe et des repas aux démunis de la ville qui, cette semaine, a tremblé sur ses fondations.

Est-ce le fruit du hasard si la conférence de presse de M. Michel respirait tout ce que M. Van Leeuw défend ? Dans son allocution, le Premier ministre s’est montré choqué mais serein devant le peuple belge. Plutôt que d’adopter une rhétorique va-t-en-guerre, comme l’avait fait François Hollande après les attentats de novembre, Charles Michel a appelé au calme et à la solidarité. Van Leeuw pianotait sur son smartphone, grattait dans son calepin, et marquait silencieusement son accord avec l’approche du Premier ministre. Ses proches louent sa sérénité, sa clairvoyance et son intelligence. « Même en pleine tempête, Van Leeuw reste calme », avait un jour fait remarquer Michel. Van Leeuw, le parfait bilingue qui a succédé en 2014 à Johan Delmulle, n’est pas un arriviste, c’est un homme de dossiers.

Et de dossiers, il n’en manque pas. Le parquet fédéral gère toutes les enquêtes sur les crimes lourds dépassant nos frontières ou sortant du champ d’action des parquets locaux. Il est en charge, par exemple, des grands dossiers de terrorisme, du hacking de Belgacom, du sabotage d’une des centrales Electrabel à Doel et des grands dossiers de traite d’êtres humains. Van Leeuw, arrivé en 2007 au parquet fédéral, s’est toujours considéré comme un magistrat chargé d’une mission. C’est ainsi qu’il s’est rendu au Mexique pour enquêter sur la mort de l’homme d’affaires Jan Sarens et qu’il a voyagé en Équateur pour s’assurer que les auteurs du meurtre de l’Anversois Joeri Lema finissent bien derrière les barreaux. « Il faut être présent pour les familles qui, à l’autre bout du monde, sont abandonnées à leur sort par les autorités », avait-il déclaré à ce sujet il y a deux ans dans De Standaard. Dans sa lutte contre la cybercriminalité, il avait également lancé un appel pour que les autorités ouvrent les yeux sur la désuétude de la législation en la matière.

En tant que magistrat de la jeunesse au parquet de Bruxelles, il a gagné ses galons en enquêtant sur le meurtre de Joe Van Hoslbeeck et sur les bandes urbaines africaines de la capitale. Son expérience avec les jeunes lui a appris, selon ses propres termes, à « voir l’être humain derrière le dossier. » Le magistrat, un Bruxellois issu de la classe moyenne et père de trois enfants, est loin d’être un tendre, ce qui ne l’empêche pas de souligner sans cesse l’importance du contexte. « Des personnes de couleur noire ont plus de difficultés à trouver un emploi et un logement à Bruxelles. Les bandes urbaines noires représentent selon moi une réaction violente à cette problématique », avait-il affirmé il y a quelques années. Et en ce qui concerne les combattants syriens, Van Leeuw a constaté qu’ils « doivent nous faire réfléchir à notre modèle de société. Si ces jeunes se retournent contre nous, c’est aussi le résultat de l’exclusion, de l’échec scolaire et d’un certain vide spirituel. »

Dans ses rares moments de loisirs, Van Leeuw dévore des livres, principalement des romans et des livres d’histoire. « Surtout sur le Moyen-Âge et la Première Guerre mondiale. » Le week-end, il se retrouve régulièrement au bord de terrains de football où il encourage ses gamins. Et il s’engage surtout comme bénévole. Van Leeuw est l’administrateur délégué de la branche francophone de la Communauté de Sant’Egidio, une communauté chrétienne laïque qui prie ensemble et s’engage pour les plus démunis. Avec son épouse, qu’il a rencontrée en faisant du travail social en Albanie, il est l’une des principales chevilles ouvrières du restaurant de Sant’Egidio à Bruxelles. Une fois par semaine, il distribue même les repas lui-même. Il préfère que le nom du restaurant n’apparaisse pas dans le journal. « Sinon, le restaurant sera envahi par les journalistes », explique-t-il.

Cette semaine, Van Leeuw a travaillé sans interruption. Dans un groupe Whatsapp avec des magistrats du parquet fédéral, il était en ligne presque en permanence. « Il n’est pas près de se fatiguer », confie un collaborateur. Il a demandé à deux magistrats du parquet de rester plantés deux jours, 24 heures sur 24, à l’hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek. « Maintenant, nous devons être proche des gens. »

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