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07·09·16

Caterpillar ou l’aveu d’impuissance

Temps de lecture : 2 minutes Crédit photo :

(cc) Baptiste Heschung

Ludovic Pierard
Traducteur⸱trice Ludovic Pierard

«Jobs, jobs, jobs.» Telle est la priorité déclarée du gouvernement Michel. La fermeture de Caterpillar à Gosselies et la perte de milliers d’emplois qui l’accompagne sont une claque retentissante pour la classe politique belge, qui reste totalement impuissante face aux décisions des grands groupes internationaux.

Renault Vilvorde, Ford Genk, ArcelorMittal, Opel Anvers, Duferco… et aujourd’hui Caterpillar : la liste des multinationales qui ont déserté la Belgique est longue, aussi longue que celle des doléances reprises en chœur par les grands patrons dans leur ode à la concurrence : main-d’œuvre trop chère, coûts de l’énergie élevés, climat social tendu, politique industrielle dénuée de toute ambition, mondialisation…

Quelle que soit la raison justifiant la fermeture d’une usine (le principal problème étant souvent moins le coût salarial en Belgique que la surproduction, une baisse de la demande et la fin du cycle de vie d’un produit), celle de Caterpillar représente un cuisant échec pour la classe politique belge. Ce nouveau drame qui secoue le « Pays noir » est une énième preuve qu’un pays tel que la Belgique n’a aucune emprise sur son développement économique et dépend du bon vouloir de magnats de l’industrie puissants résidant quelque part (loin) à l’étranger. Quel aveu d’impuissance ! La Belgique ne pèse guère face aux multinationales et leur crédo du profit. À l’instar de Caterpillar, les hauts fourneaux liégeois d’Arcelor et les lignes de montage de l’usine Ford à Genk ont jadis été sacrifiés sur l’autel de la rentabilité, après que les groupes ont, avec une certaine dose d’opportunisme, courtisé nos gouvernements et profité pendant de nombreuses années d’avantages fiscaux et de sacrifices du personnel.

Caterpillar nous apprend que si la Belgique souhaite encore attirer de gros poissons sur son territoire, le plan Marshall et les déductions d’intérêts notionnels ne seront pas suffisants pour les appâter. Dans la course infernale à la réduction des coûts, notre pays sera de toute façon perdant face à l’Est. Notre industrie est-elle pour autant menacée d’extinction ? Non, clame l’organisation interprofessionnelle Agoria, qui renvoie à des sociétés florissantes telles que la Sonaca, Alstom, CMI ou Safran. Les entreprises condamnées seraient celles qui ne sont pas maîtres de leur stratégie, mais qui sont dirigées depuis l’étranger et ballottées sur l’échiquier international tels de simples pions. Les sociétés qui bénéficient d’un ancrage local, dont les directeurs déterminent eux-mêmes la stratégie et qui peuvent innover survivront.

Dans ce contexte, on ne peut que saluer l’intention du Premier ministre Charles Michel de faire aujourd’hui de son gouvernement d’économies un gouvernement d’investissement, le retour à l’équilibre budgétaire prévu pour 2018 devenant secondaire. Tout ce qui compte, ce sont les jobs.

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