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01·02·16

À quand le scandale de trop ?

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Oli Scarff

Quel spectacle avons-nous réellement sous les yeux ? Depuis combien de temps cela dure-t-il ? Et jusqu’à quand encore les spectateurs accepteront-ils de regarder un sport en lequel ils ne croient déjà plus ?

Un moteur caché dans un vélo de cyclo-cross. Dans un sport où la fiction a depuis longtemps dépassé la réalité, on croyait avoir tout vu. Et voilà que Femke Van den Driessche, jeune cycliste belge de 19 ans, se rend coupable de « dopage mécanique » au Championnat du monde de cyclo-cross de Zolder. Soupir.

On n’imaginait plus un cycliste encore tomber d’un quelconque piédestal dans un sport qui traîne derrière lui un palmarès aussi peu enviable de fraudes et de tricheries. Mais ce samedi, le Championnat du monde de cyclo-cross nous a offert une nouvelle primeur mondiale : le dopage mécanique, dont nous avions certes déjà entendu parler. Le Suisse Fabian Cancellara en aurait notamment bénéficié pour remporter le Tour des Flandres en 2010. À l’époque, les rumeurs évoquant la présence d’un moteur dans son vélo furent tournées en dérision par son clan. Des preuves ? Il n’y en avait aucune.

Samedi, Femke Van den Driessche a été prise la main dans le sac. Des câbles électriques ressortaient du cadre de son vélo. Difficile de faire plus explicite. Avec le dopage physiologique, on pouvait encore discuter. Des traces de cocaïne dans l’urine du milieu de terrain malinois Joachim Van Damme ? C’est vrai qu’à la réflexion, sa langue aurait très bien pu, comme celle du tennisman Richard Gasquet en son temps, se retrouver à flirter au mauvais endroit au mauvais moment lors d’une soirée débridée en discothèque. Ce n’est quand même pas sa faute si sa partenaire du soir avait sniffé un rail avant de lui coller un patin…

Cette fois, la présence du moteur dans le vélo est indiscutable, le cas de tricherie manifeste. Et pourtant, Van den Driessche nie tout en bloc. Évidemment. Le vélo faisait partie de son poste de matériel et portait ses initiales, mais ce n’était pas le sien. Difficilement à croire, non ? Et toute la détresse exprimée par la « victime » n’y changera rien, pas plus que son histoire pathétique sur son entourage prétendument malveillant. Pour reprendre les mots de Maggie de Block, lorsqu’on est suffisamment mûre à 16 ans pour consentir à une relation sexuelle, on l’est au moins autant à 19 pour cautionner l’ajout d’un moteur dans son vélo de course.

Mettre un moteur dans son vélo est-il plus grave que de s’injecter une dose d’EPO dans les veines ? Peut-être pas. Au moins, vous ne mettez pas votre vie en danger. Mais ça reste humiliant, ça oui. Qui a envie d’entrer dans l’histoire du cyclisme comme le premier cas de dopage mécanique ? Mais bon, d’un autre côté, un moment de gêne est si vite passé (en français dans le texte, ndt).

Pour sûr, ce samedi ne restera pas dans les annales du sport comme le jour où le cyclisme, sport déjà tant malmené, aura retrouvé un semblant de crédibilité. Quel spectacle avons-nous réellement sous les yeux ? Depuis combien de temps cela dure-t-il ? Quelle première pensée nous traversera-t-elle l’esprit dans quelques semaines, au début de la saison cycliste, lorsque Tom Boonen remportera le circuit Het Nieuwsblad ? Aura-t-il lui aussi ajouté quelques chevaux à sa monture ? Jusqu’à quand encore les spectateurs accepteront-ils de regarder un sport en lequel ils ne croient déjà plus ? Combien de temps encore les sponsors tiendront-ils avant de prendre conscience qu’ils ont bien mieux à faire que de dépenser leur argent dans ce sport de tricheurs ? À quand le scandale de trop ?

Pour l’heure, l’UCI a du pain sur la planche. Si elle se soucie vraiment de l’avenir du sport qu’elle est censée réguler, elle ferait mieux d’imposer séance tenante le passage dans son nouveau scanner dernier cri de tout vélo amené à participer à une compétition officielle. De la course de kermesse au Championnat du monde. Cela ne doit pas être si difficile à mettre en place. Et si elle doit encore faire tomber d’autres héros de leur piédestal pour y parvenir, ainsi soit-il. L’Union cycliste internationale a joué un rôle de précurseur en matière de dopage. Elle l’a encore démontré lors des derniers scandales en athlétisme. Elle se doit donc de continuer son combat sans relâche, quand bien même l’ennemi fût-il une machine.

 

Par Marc Ghyselinck pour Het Laatste Nieuws

Traduit du néerlandais par Guillaume Deneufbourg

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