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09·06·16

Transferts nord-sud: «Non, non, rien n’a changé»

Temps de lecture : 3 minutes Crédit photo :

(c) Ron Porter

Ils ont tous deux une vie bien différente aujourd’hui. Yves Leterme (CD&V) occupe le poste intergouvernemental le mieux payé de Suède et Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS) vient d’être blanchi dans le dernier des six procès qui le concernaient. Il y avait notamment été inculpé de corruption. Tous deux étaient jadis ministre-président de leur territoire respectif. L’un de la Flandre, région suffisante et imbue d’elle-même, l’autre de la Wallonie, terre agonisante et moribonde. « Le vent tournera », promettait alors Van Cauwenberghe. « Donnez-nous encore dix ans », claironnait-il à l’envi à Yves Leterme, qui commençait à s’agacer sérieusement des transferts d’argent à sens unique entre le nord et le sud. Cela fait onze ans aujourd’hui. Et rien n’a vraiment évolué. « Non, non, rien n’a changé. Tout, tout a continué ».

Bien sûr, la Wallonie n’est pas restée les bras croisés. La région a des atouts. De l’espace. De la jeunesse. Des histoires à succès. Avec comme joyeux étendard, le parc animalier de Pairi Daiza, dont les pandas géants et leurs mini-bébés ont fait chavirer le cœur de tous, même des voisins flamands. À côté, le zoo d’Anvers ressemble désormais à un vestige du siècle dernier. Ne faut-il d’ailleurs pas y voir un joli pied de nez de la Wallonie à cette Flandre infatuée, qui n’hésite pas à la dépeindre comme un territoire où, justement, le temps se serait arrêté à un autre âge ?

LA Wallonie n’existe pas, pas plus que LE Wallon. Il y en a une multitude. Le Brabant wallon est la province la plus prospère de notre pays, le Hainaut la plus pauvre, et cela demande quand même de la nuance. Le Mons d’Elio Di Rupo, capitale européenne de la culture l’an dernier, avec sa gare design hors de prix et son choix assumé pour la modernité, contraste douloureusement avec la désolation morose de La Louvière, pourtant située à un jet de pierre. C’est là que dans certains quartiers, un enfant wallon sur trois grandit dans une famille désœuvrée. Une famille où ni papa ni maman n’ont de travail, et parfois même une famille où ils n’en ont jamais eu et n’en auront jamais. Une famille où aucune perspective financière n’incite les parents à se lever le matin et à se coucher le soir. Une famille où les enfants ne voient aucune raison de faire des efforts à l’école, puisqu’il n’y a quand même pas de travail. Jamais de la vie. Dans une famille sur trois, on accueille le lever du jour par ces mots de Françoise Sagan : « Bonjour tristesse ».

Même en étant Flamand francophile, vous risquez l’anathème si vous osez dire que la Wallonie présente un bilan digne de la Grèce. C’est pourtant la stricte vérité. Le libéral Didier Reynders se demande depuis 15 ans si le Hainaut vote pour le PS parce que la région est défavorisée ou bien si c’est parce qu’elle continue à voter pour le PS qu’elle n’arrive pas à sortir de son marasme. Il est certes un peu facile de rejeter toute la faute de l’inertie wallonne sur Elio Di Rupo et son parti. Mais le constat s’impose de lui-même : le Limbourg, contrairement au Hainaut, s’est bel et bien remis de la fermeture de ses mines, et plus récemment de la fermeture de Ford Genk. Le taux de chômeurs y est aujourd’hui plus bas qu’avant la chute de l’usine automobile. Je pose la question du bout des lèvres, mais la différence ne peut-elle quand même pas s’expliquer, ne serait-ce qu’en partie, par la force de caractère et l’ardeur de la Flandre à se remettre au travail ?

Actuellement, c’est le calme plat, même dans le chef de la N-VA. Un calme suspect. Un calme sinistre, de mauvais augure. Bart De Wever a banni les débats communautaires de l’agenda politique pendant cinq ans. Mais si la Wallonie continue de faire grève envers et contre tous, et qu’elle laisse grandir une énième génération sans perspective d’amélioration et de vie plus active, alors il ne faut pas être grand clerc pour deviner que la Flandre lui enverra en 2019 une facture dont elle se souviendra. L’addition, s’il vous plaît ?

Traduit du néerlandais par Guillaume Deneufbourg

L’italique signale les passages déjà en français dans le texte original, ndt.

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