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03·06·16

Euro2016: les Diables au régime pour être plus performants

Temps de lecture : 4 minutes Crédit photo :

(c)Erik Drost – Flickr: Belgium National Team, CC BY 2.0

Dans cette dernière ligne droite avant le Championnat d’Europe, notre équipe nationale de football travaille ses automatismes, peaufine sa condition physique et révise ses schémas tactiques. Mais pour réussir le tournoi, la préparation «invisible» jouera également un rôle. Coup de projecteur sur l’alimentation des Diables Rouges.

Vous vous rappelez l’affaire du hamburger d’Eden Hazard ? En juin 2011, après un remplacement jugé injuste par l’intéressé, le célèbre dribbleur de notre équipe nationale avait été dévorer un hamburger sur le parking du stade avant même la fin du match. Accusé d’insubordination, Eden Hazard ne fut finalement suspendu «que» deux matchs par Georges Leekens, notre coach de l’époque. Une sanction plutôt clémente, qui ressemblait plus au sermon d’un papa gâteau désireux de parfaire l’éducation de son fiston qu’à une mesure disciplinaire.

Mais au-delà de la symbolique, personne ne s’est vraiment demandé si engloutir un hamburger bien gras quelques minutes à peine après un effort physique intense n’avait pas un effet autodestructeur sur l’organisme. Le problème n’est pas le hamburger en soi, mais force est de reconnaître que ce type d’alimentation contient, pour le dire en jargon de nutritionniste, beaucoup d’«acides gras saturés» et de «protéines à haute valeur biologique», alors que l’organisme, après un effort physique intense, a surtout besoin d’«hydrates de carbone» pour remettre ses réserves de «glycogène» à niveau.

Cela fait aujourd’hui quelques années que ce jargon est indissociable de la vie du sportif de haut niveau. L’organisme des professionnels est vu comme une sorte de centrale énergétique, dont l’activité est régie par les découvertes d’une recherche scientifique en constante évolution. «Le contrôle de la masse corporelle, l’hydratation, l’alimentation font partie de nos préoccupations quotidiennes. Plusieurs semaines avant le début du tournoi, nous surveillons chez tous les joueurs, par des prélèvements sanguins, les carences en vitamines et en minéraux. Si nous constatons un problème, nous prévoyons des compléments alimentaires sur-le-champ», explique Kris Van Crombrugge, le médecin de l’équipe.

Le staff des Diables Rouges a non seulement un cuisinier, mais également un nutritionniste, en la personne de Nicolas Paraskevopoulos.

Expertise

Nicolas Paraskevopoulos travaille pour la Bakala Academy, un centre de recherche qui forme et qui accompagne les sportifs de haut niveau. Sur la base des dernières découvertes scientifiques, les nutritionnistes de ce centre établi à Leuven élaborent des plans alimentaires et de récupération spécifiques pour les sportifs. Des athlètes comme Tom Boonen et les frères Borlée ont bénéficié de leur expertise, et les Diables Rouges font partie de leurs fidèles «clients» depuis des années.

Peter Hespel, directeur du centre: «Depuis le célèbre ‘Milan Lab’ de l’AC Milan, qui a été le premier club de football à offrir à ses joueurs un encadrement scientifique, le traditionnel ‘médecin de l’équipe’, qui était jadis un peu l’homme à tout faire, a en partie été remplacé par des physiothérapeutes, des biomécaniciens, des psychologues et des spécialistes de l’alimentation. Cet encadrement rapproché permet d’aller chercher ce que le sportif a de meilleur en lui et donc d’améliorer ses performances. Nous collaborons avec les Diables Rouges en leur donnant des recommandations alimentaires et en élaborant des plans de récupération spécifiques. Ce sont les deux domaines sur lesquels nous nous concentrons en priorité ici».

Précisons au passage que les footballeurs ne sont pas de très grands consommateurs d’énergie. Les Diables Rouges doivent emmagasiner chacun, pour une journée d’entraînement classique, quelque 4 000 kilocalories. C’est deux fois plus que vous et moi, mais moins de la moitié de ce que consommera un coureur cycliste pour arriver au bout d’une étape en haute montagne. Les footballeurs peuvent donc se contenter de trois repas par jour, sauf les jours de match, où ils en ajoutent un.

Geert Declercq, médecin du staff: «nous leur proposons cinq sortes de légumes froids et cinq sortes de légumes chauds à chaque repas. Viande maigre. Toujours du poisson. Le menu est très varié». Dans l’ensemble, cela reste assez classique: l’alimentation du sportif de haut niveau se compose à 60 % d’hydrates de carbone (pâtes, fruits, pain), à 25 % d’acides gras insaturés (poisson, noix, margarine) et bien évidemment, de protéines (viande, produits laitiers) et de vitamines.

«Ces dernières années, nous nous sommes surtout concentrés sur les méthodes de récupération », ajoute Peter Hespel. «Bain de glace, bas de compression, dilatateur nasal: autant de méthodes qui ont connu leur heure de gloire et qui peuvent avoir une certaine efficacité, mais dont il faut quand même se méfier. Il importe avant tout d’associer la bonne méthode aux bonnes conditions et de ne jamais tomber dans l’excès. Les bains de glace étaient très en vogue à une époque, mais il a été prouvé depuis lors qu’en abuser produisait justement l’effet inverse et freinait l’évolution ».

«Jusqu’il y a peu, on considérait qu’un athlète devait récupérer le plus vite possible. Après chaque entraînement, on leur demandait d’ingurgiter des tonnes d’antioxydants et d’hydrates de carbone. Mais nous savons aujourd’hui que le rendement d’entraînement peut augmenter plus rapidement en sautant de temps en temps une période de récupération. Ajouter une séance à un athlète encore «fatigué» peut booster sa condition physique», explique Peter Hespel.

Lorsque les rencontres se succèdent sur de courtes périodes, comme ce fut le cas ces derniers jours avec les Diables Rouges, il convient néanmoins de veiller à une récupération optimale entre les matchs. Peter Hespel: «Vous n’allez pas à un tournoi pour progresser, mais pour gagner!»

Chez les footballeurs, le contexte et les conditions de jeu jouent également un rôle déterminant. «Les coureurs de fond peuvent prendre des gels pendant la course, chose qui est impossible avec les joueurs de football, à qui vous ne pouvez donner que 30 à 60 g de glucides à la mi-temps. Sans compter que ces 15 minutes sont souvent déjà bien remplies: il faut parler de la tactique, soigner les petits bobos, s’hydrater énormément. Et puis, certains estomacs ne supportent pas les gels, qui sont très lourds à digérer. Nous devons alors trouver une approche individuelle».

Snacks

Julie Neville, l’épouse de l’ex-footballeur Phil Neville, est nutritionniste dans plusieurs clubs de haut niveau. Ses employeurs lui demandent aujourd’hui de prévoir des snacks «sains» pour les joueurs, qui sont selon eux trop souvent tentés par les sucreries achetées dans les gares et les aéroports lors des déplacements. «Ils pensent qu’ils éliminent ces sucreries en s’entraînant, mais en réalité, ils réduisent surtout leurs efforts à néant», avertit-elle.

Fini donc le soda, place à l’eau de coco. Terminé les chips et les gaufres, priorité aux bananes, riches en thiamine et en potassium. Et pour la récupération d’après-match? Du lait chocolaté! Comme quoi, être sportif de haut niveau implique pas mal de sacrifices.

«Cela ne doit pas non plus devenir une obsession», tempère Peter Hespel. «Le but n’est pas de leur rendre la vie impossible. Si on leur donne, après chaque entraînement, un plat de spaghettis à la cassonade et un verre de lait, ils auront tout ce qu’il faut! (rires) Mais la question sera alors de savoir combien de temps ils tiendront dans ces conditions! C’est pourquoi nous avons aussi un cuisinier. Nous veillons ainsi à ce que les joueurs reçoivent tous les éléments nutritionnels dont ils ont besoin, sans pour autant leur faire perdre le plaisir de la table».

 

 

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